Un parc d’attraction ? C’est cela que mentionnait la brochure posé entre moi et mon père. Je lorgnais le papier sans comprendre pourquoi il l’avait claqué sur la table en plein milieu du dessert. Détachant mon regard du dépliant pour lever des prunelles interrogatives dans sa direction je ne pus retenir un soupir excédé devant son sourire amusé. Il avait de ses manies je vous jure, ça l’amusait de me faire languir dans l’attente d’une réponse à une question qu’il devinait sans mal. Finalement il se tapote la tempe de l’index sans effacer son sourire.

Sans même me laisser le loisir de répondre il fait glisser sur la table un billet d’entrée pour le parc en me disant de réfléchir. Morose j’attrape le ticket et le dépliant avant de monter dans ma chambre en râlant. On est Lundi, mais il prend déjà des initiatives à ma place pour mon week end c’est exaspérant. M’enroulant dans ma couette je ferme les yeux et sombre instantanément dans le sommeil.

Comme à mon habitude je suis rentrée en trainant les pieds, mon sac à volé à travers ma chambre pour atterrir près de ma commode. Mon regard c’est alors posé sur le ticket et le dépliant du parc d’attraction. Finalement mon père n’avait pas tort, je n’ai pas envie d’errer comme un fantôme dans la maison. Vidant le contenue de mon sac sur mon lit j’y fourre prestement mon portefeuille et un pull si la soirée venait à être fraiche. Me débarrassant de mon uniforme je passe un pantalon style treillis que je seins sur ma taille d’une ceinture de cuir noir à clou argenté. Je passe ensuite un dos nu noir moulant et troque mes chaussures contre une paire de baskets montante bien plus commode. Observant mon reflet dans le miroir je complète mon ensemble d’une paire de mitaine courte noir, je rassemble mes cheveux en deux couettes et visses une casquette bonnet noir ornée de trois badge, l’un figurant une étoile, l’autre un crâne et le dernier portant l’inscription « I hate idiot », sur mon crane. Un trait de crayon pour faire ressortir la couleur ambré de mes yeux et me voilà prête. Mon sac repose sur mon épaule, je fourre le ticket d’entrée dans ma poche et me presse hors de la maison. Mes pas me mènent rapidement au centre-ville d’où une navette dessert le parc.

Dans le bus je vais m’asseoir au fond, il y a peu de monde, les gens si rendent surement en voiture. Appuyé contre la vitre j’observe le paysage qui défile, les rues ici sont si différente de celle de mon ancienne ville. Tout ici me semble dépaysant, j’ai un peu de mal à me faire à cette nouvelle vie, et cela se traduit entre autre par une solitude exacerbante. Pas moyen de se faire des amis lorsqu’on n’arrive déjà pas à s’habituer à son nouveau mode de vie. Les freins crissent m’arrachant à ma contemplation béate. Alors mon regard s’illumine au sens propre comme figuré. Dans la pénombre naissante les différents manèges du parc sont éclairés de néon multicolore. Sortant du bus je reste un instant stupéfaite à observer les lieux, puis mus par l’envie d’en voir plus je me présente au guichet d’entrée, un homme déchire mon billet et me laisse entrer. Gère un instant dans l’allée des boutiques souvenir comme une âme en peine, autour de moi des couples d’amoureux marche mains dans la main et des groupes d’adolescent se chamaille en riant. Marchant en regardant partout autour de moi je ne fais pas attention à ce qui se trouve face à moi et finit par percuter de plein fouet un homme. Surprise je me retourne vers lui et m’incline.

Puis me rendant compte que par réflexe et dans mon trouble j’ai parlé en Anglais le rouge me monte aux joues et je reprends à toute vitesse.

L’homme me sourit et d’un signe de main m’intima de cesser de m’incliner. Surprise je me redresse et évite de le dévisager avec curiosité. N’est-ce pas la coutume dans ce pays ? S’incliner pour saluer les gens, pour dire au revoir ou pour s’excuser ? En fait je n’en sais trop rien, c’est le genre de truc qu’on voit dans les films et comme je n’ai pas pris la peine de m’instruire sur la culture de ses gens je me base sur les faibles références captées à la télé ou au détour d’une lecture hasardeuse. J’aurais peut-être dû demander à mon père de me parler un peu plus des gens de son pays, mais non, je me suis toujours évertuée à lui demander de me décrire les lieux plutôt que les habitants. Enfin il sera toujours temps de rattraper mes lacunes plus tard. D’ailleurs puisque l’homme me sourit je n’ai pas dû faire quelque chose de désobligeant c’est déjà un bon début. Je ne peux me retenir de hausser les sourcils lorsqu’il s’excuse à son tour.

On a l’air malin au final puisqu’aucun de nous deux ne regardait ou il mettait les pieds. Que donne une rencontre entre deux têtes en l’air ? Un accident à coup sûre. Heureusement que les gens qui passent autour de nous ne nous prêtent pas la moindre attention sinon vous pouvez être sûre que j’aurais finis couleur pivoine et que j’aurais tracé ma route sans dire un mot de plus. Au lieu de ça je rends un sourire amusé à l’homme, j’ouvre à peine la bouche pour lui dire qu’on est tous les deux en tort lorsqu’il reprend la parole noyant mes mots avant qu’ils ne franchissent mes lèvres. Etonnée je ne peux m’empêcher de jeter un regard à la ronde, c’est à moi qu’il parle ? J’ai l’air de chercher quelqu’un ou d’avoir besoin d’aide ? Ma stupeur crée un léger silence entre nous avant que je ne me reprenne et ne secoue la tête négativement.

Je me rends compte qu’à présent je me trouve idiote, au même titre que mon idée de venir ici. Quel intérêt de venir dans un parc d’attraction sans personne avec qui en profiter. Rire aux éclats dans une attraction se retourner et se rendre compte qu’on rit seul … C’est vraiment navrant personne avec qui se chamailler pour savoir quel manège faire en premier, personne de qui se moquer dans la maison hanté, personne avec qui partager un granita ... Non vraiment les parcs d’attractions ne sont pas des endroits conçus pour les solitaires. Remarquant alors que l’homme ne semble pas non plus être accompagné je me risque à poser la question.

Cette simple question est d’une indiscrétion totale, je m’en fiche, de une il m’a demandé le premier si je cherchais quelqu’un et de deux si cela l’indispose il n’aura qu’à ne pas répondre ou m’envoyer balader. Au tour de nous les éclats de voix et les rire couvre presque la musique sortant des hauts parleurs. Les cris provenant des montagnes russes sont strident alors que les exclamations de stupeur provenant de la grande roue sont presque étouffées par la musique du carrousel se trouvant à son pied. Une joyeuse cacophonie règne en ses lieux et ou que je tourne la tête mon regard est accroché par des lampions multicolore et des fresques pastels. On se croirait presque dans un autre monde en pénétrant ici, des mascottes ce promène dans les allés du par cet font des photos avec les visiteurs, c’est deniers arbore parfois des maquillages sur leur faciès hilare. Les enfants pialent des ballons à la main ou le visage barbouillé du chocolat de la gaufre ou la crêpe qu’il tienne. Oui cela donne vraiment l'impression d'être entré dans un univers ou les soucis du quotidien sont bannis.

Combien de personne pouvait-il y avoir dans ce parc et quelle était la probabilité de tomber par hasard sur une demoiselle que ses amis cherchaient ? Non vraiment je ne pus m’empêcher de penser que la coïncidence aurait été bien trop grande si j’avais été cette fille. Enfin c’était bien tenté, c’était une façon plutôt inventive de s’excuser et je ne pus retenir un sourire amusé à cette pensée. Décidé à détendre l’atmosphère je ne pus m’empêcher de retourner la question de l’homme à son encontre, une pointe d’ironie dans la voie. Ce à quoi il me répondit que lui aussi était seul. Fille unique je cultivais la solitude depuis mon arrivé en ville. En Amérique je sortais souvent avec mes amis en ville et mes parents ne s’étonnaient plus de trouver ma chambre vide au matin sans que j’aie prévenue. Et puis tout avait changé. Ma mère était morte, mon père avait été accusé de meurtre et pour ne pas perdre le dernier membre de ma famille j’avais menti. J’avais alors commencé à fuir la compagnie de mes amis de peur qu’il ne découvre le mensonge, j’avais coupé les ponts sans donner d’excuse.

Et me voici, dans une ville dont je ne connais que l’université, la bibliothèque et ma rue. Je n’ai plus de raison de craindre les autres dans ce nouveau pays et pourtant je n’ose pas me faire d’amis. Je ne veux pas prendre de risque, qui me dit qu’on ne viendra pas m’enlever mon père même au bout du monde. Non juste par peur du risque je trouve la solitude préférable et puis au fond, je ne suis pas sûre de ce que j’ai vue, l’a-t-il vraiment poussée dans le vide ou tentait il de la retenir ? Ce fut la sonnerie du téléphone de l’homme qui m’arracha à mes pensées pour me ramener les pieds sur terre. Je ne pus m’empêcher de tiquer sur l’emploi du terme « prescrire », était-il médecin ? Il semblait bien jeune pour exercer une telle profession … Un instant je marquais une hésitation, devais-je partir ou notre conversation n’était-elle pas finie ? Ne sachant que faire j’attendis que l’homme raccroche et je fis bien car il s’excusa auprès de moi et me posa une nouvelle question.

Un sourire à demis moqueur éclaira mon visage, il était lucide le jeune homme, il avait retenu que nous étions tous deux des loups solitaire parmi se troupeau de personne. Je faillis ponctuer la fin de sa phrase d’un « Et ? », mais il reprit sans attendre et me laissa bouche bée. Si je mettais attendu à ça, le voilà qui me propose de faire connaissance et de passer la soirée ensemble. Embarrassé par le manque de tact et de finesse de la question je reste un instant muette de stupéfaction. Finalement me reprenant je souris, pourquoi pas après tout, lui ou un autre qu’est-ce que ça change ? Et puis n’est-ce pas moi qui pensais il y a quelque minute qu’il était idiot de se rendre seul dans un parc d’attraction ? Eh bien voilà l’occasion de remédier à la chose. Peignant sur mon visage un sourire amical je réponds d’un hochement de tête avant de tendre la main en direction de l’homme.

Le jeune homme sembla surpris par ma réponse, s’attendait il à ce que je l’envoi balader ? Dans ce cas sa question n’avait aucun intérêt non ? A quoi bon demander une telle chose à quelqu’un si on s’attend à ce qu’il décline la proposition … Ou alors c’était moi qui lui avait donné l’impression de vouloir être seule, c’était plausible, j’avais été tellement étonnée par la question qu’un blanc c’était créé entre nous et avait dû lui laisser penser que je cherchais une façon polie de dire non. Il dut aussi être surpris d’apprendre que j’étais étudiante en droit, mon père me disait souvent que je n’en avais pas le profil. Le profil, pourquoi fallait-il ranger les gens dans des cases ? Et puis c’était quoi le style d’une étudiante en droit ? Un tailleur gris bien austère ? Le look petite fille avec un papa bien friqué ? Et bien moi j’aimais arborer un style rock, métal et tant pis pour l’image de fille sage. Après tout mon look n’influait en rien sur mes compétences et jusque maintenant j’avais mérité ma place en classe de droit.

Passez un instant de surprise le jeune homme me répondit, il se présenta alors à moi. Je ne pus m’empêcher de tiquer lorsqu’il me dit être le vétérinaire de la ville, il était pourtant bien jeune pour exercer cette profession. Ha lui aussi était étranger, Russe de surcroit, je ne pus m’empêcher de penser à la neige, la place rouge et la vodka. Je n’avais jamais mis les pieds dans ce pays, mais c’est tout ce que sont évocation faisait naître dans mon esprit. Il m’aurait être Français j’aurais pensé au pain, à la tour Eiffel et au vin. C’est fou comme un simple mot amène des images en tête. Je fus un peu étonnée qu’il ne connaisse pas encore bien la ville après deux mois, enfin si tout comme moi il était du genre à se murer dans un quotidien bien rythmé ce n’était pas si étrange. Si mon père ne passait pas son temps à me pousser à changer mes habitudes dans deux mois je ne connait rais pas non plus la ville me murant à notre quartier, l’université et la bibliothèque.

Le rire gêné du jeune homme me fit sourire, puis je me remis à penser à sa profession, j’avais vraiment du mal à le croire. Enfin je ne voyais pas l’intérêt qu’il pouvait avoir à me mentir à part frimer, mais là encore ça ne semblait pas coller au personnage … Quoi que, je ne savais trop rien de lui après tout. Soudain un article de journal ne revint à l’esprit et je sus pourquoi son nom me semblait familier. J’avais lus dans un article qu’un jeune vétérinaire Russe d’à peine 18 ans avait été recruté par l’hôpital de la ville. Je n’avais pas prêté grand intérêt à ma lecture le journal me servant surtout à faire croire à mon père que j’étais occupée pour qu’il ne me parle pas. En y repensant je mettais promis de faire des recherches sur le sujet plus tard, par curiosité pour ce garçon diplômé vétérinaire si jeune … Et puis ça mettais sortis de la tête. Bien, il n’était plus temps de penser à cela, nous étions visiblement destinés à passer la soirée ensemble et à faire plus ample connaissance.

Il me vint à l’esprit qu’on devait avoir l’air étrange planté ainsi au milieu du passage, main dans la main. Décidé à remédier à cela je raffermis ma poigne autour de la main du jeune homme pour l’entrainer à ma suite. On était dans un parc d’attraction après tout et maintenant que je n’étais plus seul j’étais bien décidée à m’amuser.

Un sourire amusé au visage et les yeux brillant d’envie j’entraine donc mon camarade à ma suite. Je me stop devant la barrière de la maison hanté. Ce n’est pas le genre d’attraction qui m’attire vraiment mais je trouve idiot de ne pas y aller pour ne pas avoir peur, après tout c’est le but non ? Celle-ci ressemble à un vieux manoir de style victorien au mur grisonnant, elle est entourée par une barrière noire légèrement rouillée et la porte d’entrée du « jardin » pend sur ses gonds. Le pseudo jardin a d’ailleurs plus des allures de cimetière avec les tombes le parsemant, le sentier mène alors sur un petit parvis gardé par deux gargouilles à l’air belliqueux. Même la musique rend l’ambiance du lieu glaçante, un frisson me traverse alors que je me retourne vers le jeune homme l’air hésitante.

Hors de question en tout cas de finir par-là, ce serait un coup à passer une nuit blanche. Je n’oublie d’ailleurs pas que je dois rentrer en bus et que la nuit la rue ou j’habite doit être plus que lugubre. D’ailleurs je vais devoir marcher un quart d’heure à travers des rues déserte de l’arrêt de bus jusque chez moi. Un temps bien assez long pour se faire des films et arriver à la maison morte de trouille, en plus je vais être seule encore jusque Lundi matin, un week end qui promet d’être long et éprouvant après un tour dans une maison hanté à l’allure si peu accueillante et bien terrifiante.

La phrase du garçon m’arracha un regard surpris, tournant la tête vers lui je n’eus pas le temps de répliquer qu’il m’entrainait déjà dans la file d’attente. Rire ? Non, mais sérieusement il se fichait de moi, qui avait il de drôle dans une maison hanté ? Personnellement je trouvais ce genre d’attraction glaçante, je n’étais pas trouillarde par nature, mais j’avais mes limites et le décor lugubre des lieux les outrepassait légèrement. Malgré tout je me laissais entrainer sans protester, après tout c’est moi qui avais proposée de commencer par-là alors pas question de me rétracter. Une fois dans la file d’attente je pus remarquer des acteurs déguisés en monstre occupés à effrayer les gens faisant la queue. Réprimant un frisson à la vue d’une momie je préférais observer le vampire que je trouvais bien moins effrayant. A mes côtés Entari semblait amusé alors que je réprimais à grande peine un frisson de peur. Bah vous me direz, une maison hanté c’est fait pour avoir peur pas pour rire.

Soudain Entari m’arracha de mes pensées en saisissant quelque chose par-dessus mon épaule. Tournant la tête pour voir de quoi il s’agissait je ne pus me retenir de sursauter en me retrouvant face à un mort vivant, son maquillage ne valait pas celui d’un bon film d’horreur, mais suffit à me fiche la frousse. Ma main, toujours dans celle du garçon, se crispa autour de ses doigts alors que lui riait d’amusement. Décidément l’idée de la maison hantée me semblait de moins en moins bonne au fur et à mesure que l’on avançait. L’atmosphère me sembla moins pesante lorsque le jeune homme me proposa d’écouter de la musique. Il me fallut un instant pour mettre un titre sur la musique puisque que la musique ambiante si mêlait mais je finis par reconnaitre « Bodies » de « Drowning pool ». Ce n’était pas mon groupe de prédilection, mais Entari aurait pu me proposer bien pire comme son.

Finalement on arriva au niveau des wagons, visiblement l’animatrice connaissait le jeune homme puisqu’elle le salua d’un signe de tête accompagné d’un clin d’œil. Je ne sais pourquoi se signe de complicité fit naitre de la jalousie en moi. Bah c’était dérisoire, après tout je ne le connaissais pas, après cette soirée nous serions des amis tout au plus alors pourquoi ressentir une telle chose. Du coin de l’œil je ne pus m’empêcher de détailler mon camarade à cet instant. Vêtue de noir seul sa veste blanche à couture bleu détonnait avec son look. Bon pas besoin de se leurrer il était jolie garçon, ses yeux noirs lui donnent un air mystérieux et ses cheveux en bataille une allure rebelle. La jeune femme nous souhaite alors de passer un bon moment et nous demande de lui raconter. Je vois mal ce qu’on aura à lui conter mais je me contente de répondre d’un bête hochement de tête alors qu’elle abaisse la sécurité devant nous.

Assise dans le fauteuil je sens l’angoisse faire son grand retour, la main d’Ent’ se resserre alors autour de la mienne lorsque le wagonnet se met en route. Il affiche un immense sourire et semble réellement impatient. Moi à son inverse je sens le sang déserter mon visage, je suis sûre qu’à l’instant je dois paraitre aussi blafarde que le faux vampire. Me penchant avant qu’on arrive à la porte menant dans les entrailles du manoir je murmure à l’oreille d’Entari.

Déjà notre wagon passe la porte et nous nous retrouvons plongés dans le noir totale. Je sens mon cœur s’emballer, cela va vous paraitre idiot, mais ce que je redoute le plus ce n’est pas les monstres, mais bien le noir. D’ailleurs un couinement d’angoisse m’échappe alors que je me resserre contre Entari. Je sens ma jambe contre la sienne, les seuls bruit brisant le silence son nos respirations et le cliquetis des rails. Ma main se serre d’angoisse autour de celle du garçon y puisant un peu de réconfort, je donnerais n’importe quoi pour un peu de lumière. Mon vœu s’exhausse lorsqu’apparait devant nous un fantôme fluorescent dont la tête pend dangereusement sur son cou sciée. De surprise je ne peux retenir un cri de peur et je me mets à prier pour qu’il disparaisse et que le noir revienne. Lunatique moi ? Non à peine ….

Entari sembla surpris par ma révélation, mais n’eut rien le temps de faire, avant qu’il ne puisse achever sa phrase on franchit la porte du manoir, se retrouvant plongés dans un noir d’encre. Ça c’était déjà un mauvais début, mon premier réflexe fut de me coller contre le garçon se trouvant à mes côtés. Bien que je ne le connaisse pas vraiment le savoir-là était déjà rassurant et puis savoir que lui trouvait cela amusant me réconfortait. Finalement l’un de nous deux s’amuserait au moins, enfin j’espérais ne pas lui gâcher son plaisir. Dans le silence total je pouvais sentir le cœur d’Entari battre, il battait surement aussi vite que le mien, mais je mis cela sur le compte de l’excitation. Lorsqu’un fantôme apparut devant nous la surprise m’arracha un cri de peur, réalisant à quel point je devais avoir l’air idiote à avoir peur devant cette chose factice mes joues se colorèrent de rouge, non, mais la honte quoi …

La main du jeune homme lâcha alors la mienne, sur le coup je crus qu’il avait honte de se trouver là avec moi, mais finalement son bras se referma autour de mes épaules. Ce fut avec beaucoup de douceur qu’il me murmura des paroles de réconfort. Son souffle tout prêt de mon oreille me fit frissonner, mais cette fois ni de peur, ni de froid. Mon cœur rata un battement alors que je me collais un peu plus à lui. Le train se remit alors en route, je me sentais légèrement mal alaise sans réussir à expliquer pourquoi. La nouvelle scène se jouant devant nous n’avait, curieusement, rien d’effrayant. Une femme accoudée à une table avait devant elle une bouteille de vodka. Mon regard engloba la salle et se stoppa sur les tableaux étrangement ils semblaient nous suivre des yeux se qui attira ma curiosité. Si bien qu’absorbée dans cette contemplation je ne pus m’empêcher de sursauter de surprise lorsque la femme cria quelque chose d’incompréhensible avant de s’élancer vers nous.

Un léger déclic se fit alors entendre sous nous et avant qu’Entari ne me prévienne j’avais déjà compris. Notre wagon allait tomber, oui, mais où ? Le jeune homme resserra sa prise autour de mes épaules juste au moment où notre fauteuil chuta. J’aurais trouvé le concept amusent si la chute ne c’était pas déroulé dans le noir le plus total, en tant que fane de grand huit ce genre de frasque ne m’effrayait pas … tant que je pouvais voir autour de moi. Mon cri de surprise ne franchis jamais mes lèvres coupé dans son élan par le rire du jeune vétérinaire. D’ailleurs il sembla réaliser être le seul à rire car il se stoppa et s’excusa. Le fait qu’il s’excuse me mit mal alaise, il n’avait pas à être désolé de s’amuser et puis c’était mon idée de venir ici en premier. Finalement la chute se termina et l’on se retrouva dans des catacombes, pas très réaliste selon moi. Je me mis à contempler ses faux squelettes avec attention, je m’attendait à tout instant, à ce que l’un d’eux bouge ou se jette sur nous.

Finalement se fut Entari qui me fit peur, sa prise se resserra de nouveau autour de moi et il me fit poser la tête sur ses genoux. Ma première pensé à ce moment fut toute autre et me fit devenir cramoisie de honte. Ce ne fut que lorsqu’il murmura à mon oreille que je compris, le zombie de la file d’attente arrivait derrière nous et allais essayer de me fiche la frousse, sauf que dans cette position il ne me trouverait pas. Ca restait toutefois assez perturbant. Le cri de l’homme me fit frissonner, je vis alors sa main verdâtre me chercher, exactement à l’endroit où je me trouvais quelque secondes plus tôt. Sûre que si Entari n’avait pas anticipé j’aurais hurlé de trouille. Finalement l’acteur abandonna ne pouvant suivre éternellement notre wagon à ma recherche. Le pauvre ne devait pas comprendre ce qui venait de se passer. Je pris la peine de me redresser trouvant la position inconfortable, on se retrouva une fois de plus dans le noir. Des choses indéterminées nous touchant de toute part alors que des bruits se faisaient entendre sans que je puisse en déterminer la source.

Un flash nous éblouit alors, notre wagon légèrement incliné en arrière remontait enfin vers la lumière. Les paroles du jeune homme trouvèrent écho avec mes pensées et déjà l’étau de peur enserrant mon estomac commença à se dénouer. Ent’ me lâcha alors pour reprendre ma main, avant de s’excuser et de la lâcher elle aussi. Lorsqu’on revint à la « lumière » … Non plutôt nuit, car durant notre tour dans la maison hanté la nuit avait achevé de tomber et à présent seul les lampions et les spots du parc éclairaient les lieux. Bref lorsqu’on revint à l’extérieur l’animatrice nous accueillis en souriant. J’eu beau tenter de faire bonne figure et de lui rendre son sourire je me dis qu’il du plus ressembler à une grimace qu’autre chose, d’ailleurs Entari répondit explicitement qu’il était le seul à c’être amusé ce qui me vexa. Ok j’avais eu la trouille, mais pas la peine de le clamer au premier inconnu venu …

Du coup je ne pris même pas la peine de regarder la photo, de toute façon elle devait montrer clairement que j’étais morte de peur ce qui m’énervait. Quel idée aussi de mettre un appareil photo dans une maison hanté. La question que ne tarda pas à suivre me fit froncer les sourcils, avant de répondre je pris la peine de sortir ma veste de mon sac et de l’enfiler. Cela fait je fourre mes mains dans mes poches et lance de manière hautaine.

Oui je sais c’est moche de se comporter ainsi juste parce qu’il n’a fait que dire la vérité à l’animatrice. Cette fois je me mets en marche sans lui reprendre la main, je veille toutefois à rester à ses côtés pour qu’on ne soit pas séparer. J’observe autour de moi les peluches colorées des stands d’adresse, les vendeurs de glace, de gaufres et autre confiserie en tout genre. Finalement mon regard se pose sur une attraction ou la queue semble plus courte. Surprise j’observe le manège, une immense tour s’élevant dans la nuit et entourée d’une nacelle. Elle pourrait facilement être prise pour une tour panoramique si à son entrée il n’y avait pas un panneau avec les recommandations d’usage des grands huit. Non cette tour ci est de celle qui monte et retombe sans prévenir. Je tire alors sur la manche d’Entari et lui pointe l’attraction. Mon sourire de retour, je ne reste jamais rancunière très longtemps surtout pour des broutilles.

Cette fois aucuns risque que j’ai la frousse, enfin pas plus que la majorité des gens montant dans cette attraction. N’étant pas sujette au vertige j’aimais les manèges à sensation et plus ils montaient haut plus cela m’amusait. Entari me saisit de nouveau par la main pour rejoindre la courte file d’attente. Je le suivis docilement sans détacher mes yeux de la tour. Qu’elle taille faisait elle ? Celle d’un immeuble peut être, elle devait monter aussi haut que notre ancien appartement. J’aurais mieux fait de m’abstenir d’une telle pensée, elle ramena à mon esprit la vue de ma mère chutant du balcon. La scène défila devant mon regard comme si je me trouvais de nouveau dans le salon, ma vue s’obscurcit alors et je sentis mes jambes se faires de coton. J’entendis la voie du jeune homme, mais ce fut comme si elle provenait du fond d’un tunnel et je ne compris par un traitre mot de ce qu’il dit. Je n’eus pas le temps de répondre que l’animateur nous fit asseoir sur les sièges et abaissa nos sécurités. Me forçant au calme je chasse de mon esprit mes pensées morbides pour profiter du manège et fait un grand sourire lorsque la nacelle commence à s’élever dans la nuit.

Lorsque la nacelle arrive au plus haut de la tour elle commence à tourner autour de son axe nous laissant englober le parc du regard je donne alors un coup de coude à Entari et lui montre du doigt un stand de tir surmonté d’un énorme ours en peluche de style gothique.

Je ne suis pas réellement fane de peluche, mais une peluche au style gothique c’est trop la classe et puis elle irait à merveille dans ma chambre. Je me vois bien avec un lapin blanc genre Alice au pays des merveilles mais version emo. J’observe alors le reste du par cet je repère des raftings, un grand huit inversé et un autre avec une descente à 90° et puis des manèges plus calme comme les carrousels ou encore les chaises volantes. Lorsque notre nacelle a fait un tour complet sur elle-même elle se stop. J’entends alors le déclic fatal et lève les bras en l’air juste au moment où nous chutons dans le vide. La chute semble s’éterniser et immanquablement me reviens l’image de ma mère … Décidément rien y fait elle me hantera surement encore longtemps. La secousse de notre nacelle ce stoppant coupe court à ma vision, nous voilà repartis vers les hauteurs de nouveau. Cette fois la nacelle tombe avant d’atteindre la hauteur maximum, enfin je n’en suis pas vraiment sûre, mais en tout cas elle ne se stop pas. Je pousse un cri de joie en levant de nouveau les bras au ciel et part dans un grand éclat de rire. La fille à ma droite est livide et complétement morte de peur. Moi j’aime profondément cette impression de liberté, comme si l’on tombait réellement alors que l’on sait tous pertinemment que la nacelle va se stopper avant le crash fatal.

Dommage la nacelle n’offre que deux chute semi libre avant de nous ramener à terre. Je soupire de déception et regarde de nouveau en l’air. Tant pis, il y a bien d’autre attractions et puis même si j’aime celle-ci elle me fait trop penser à ma mère pour que je me risque à y retourner. Descendant de la nacelle j’attends Entari au bas des marches.

Ma question fit sourire le jeune homme qui finit par me répondre sur un ton amusé. Je fus un peu surprise qu’il parle de « ma peluche », j’en avais presque oublié le stand que je lui avais montré du haut de la tour. Il comptait vraiment m’en gagner une ? A moins qu’il ne compte me voir tirer à la carabine … Dans ce cas il ne serait pas dessus, n’ayant jamais tenue une arme à feu j’étais sûre de tirer à côté de la cible. De nouveau il se saisit de ma main, autant les autres fois cela ne m’avait pas dérangé, mais là je me sentie mal alaise. Pourtant je ne dis rien, je le laissais m’entrainer vers le stand ornée de la peluche gothique. Pourquoi est-ce que le fait qu’il me tienne par la main me noue l’estomac ? N’ayant pas de réponse près faite à cette question je préfère la ranger dans un coin de mon esprit pour plus tard. Arrivé au stand il me rend mon sac et cherche de l’argent dans le sien. Je repasse l’une des bretelles du mien le laissant pendre sur ma hanche. Je le laisse parler au vendeur m’intéressant aux peluches à gagner.

J’observe avec intérêt des lapins blanc au style Emo, ils sont plutôt mignon, finalement mon regard est attiré par une toute autre peluche. Elle est fort différente des premières, mais le fait qu’elle soit unique sur le stand la rend encore plus attrayante. Il s’agit d’un chien noir en position assise, sa tête est ornée du dessin d’un crâne blanc, sur ses pattes avant et arrière son squelette est dessiné et sur sa poitrine ressort un cœur rouge sang. Il est vraiment classe, je me tourne vers Entari pour lui faire savoir que s’il gagne j’aimerais cette peluche, mais je suis stoppé dans ma lancé par ses paroles. Il est occupé à parler au vendeur et … Il ne parle ni Japonais, ni Anglais. Russe peut être ? Il m’a dit qu’il était d’origine Russe alors il est probable que ce soit la langue qu’il emplois. Me concentrant sur les paroles je constate avec dépit que pour moi ce n’est qu’un beau charabia de sons sans queue ni tête.
L’animateur ayant finis ses recommandations au jeune vétérinaire il vint s’accouder face à moi sur le comptoir. Il me fait alors un clin d’œil et me lance tout sourire.

Comment faire virer au rouge pivoine quelqu’un en une phrase seulement ? Dite lui que le garçon très mignon qui l’accompagne est son petit ami alors que ce n’est pas le cas et finissez votre phrase par « ma belle ». Et comment répond-on quand on est intimidé ? Et bien on bégaie tout naturellement.

Manque le sourire niais et les étoiles dans les yeux et me voilà chromée. Le vendeur me répond d’un grand sourire amusé et me demande qu’elle peluche me plairait au cas où Entari viendrais à gagner. Je désigne alors le chien que j’ai repéré. Le déclic de la carabine me fait alors tourner la tête. Dans le mille. La peluche était donc gagnée. Un sourire ravi s’étala sur mon visage alors que l’animateur donnait la peluche que j’avais choisie à Entari. Ce dernier me la remit alors en me faisant un grand sourire. Alors que nous commencions à nous éloigner le vendeur nous lança une phrase en Russe me faisant hausser les sourcils. La réponse de mon camarade me rendit encore plus perplexe. « Bonne journée ? » Lancé une telle phrase en pleine nuit était peu commun. Avant que je ne le fasse remarquer il me reprit mon sac et se plaça face à moi.

Ma nouvelle peluche dans les bras je tortille légèrement l’une des oreilles du chien en lançant un regard interrogatif au jeune homme. Soudain il me vient à l’esprit que j’ai peut-être l’air idiote avec mon petit chien dans les bras … Non, je remarque dans la foule que beaucoup de filles se promènes avec des peluches gagnées par leur amoureux … Ouai bon passons outre le fait qu’Entari n’est pas mon petit ami, après tout ça personne ne le sait. Finalement le garçon s’excusa d’avoir parlé en Russe devant moi et me montre un grand huit en me proposant de le faire. L’attraction qu’il me désigne présente plusieurs looping, une descente à 90°, un passage en vrille et une descente la tête en bas. Le top du top quoi. C’est donc avec un grand sourire que je lui réponds.

Je lui fais un clin d’œil et l’attrape par la main l’entrainant dans la file d’attente. J’écoute avec amusement les hurlements des personnes dans l’attraction, je réalise alors qu’il vaut mieux que je range ma peluche dans mon sac. Le reprenant à Entari je glisse soigneusement le chien dedans, il est maintenant encore plus bombé que lorsque ma veste si trouvait. C’est alors que je me rends compte que je suis la pire des malpolie. Me haussant sur la pointe des pieds j’embrasse alors le jeune homme sur la joue.

Je rougis légèrement, mais dans la pénombre ça ne doit pas être visible. Devant nous un groupe de fille jacasse en nous jetant des coups d’œil. Elles ont surement compris qu’Entari et moi ne formions pas un couple, normal, si ça avait été le cas je ne l’aurais pas embrassé sur la joue. L’une d’elle aborde alors le jeune homme avec des manières très aguicheuses. Vêtue d’un top rouge moulant et d’une jupe un peu trop courte selon moi ses cheveux blonds ondulent dans son dos. Elle fait alors un sourire enjôleur au vétérinaire.

Mes poings se serres de frustration, j’en oublie même que je tiens encore la main d’Entari et lui broie surement les doigts. Mâchoire serrées je fusille la péronnelle du regard avec une furieuse envie de lui écraser mon point sur le nez. Finalement je me retiens de la frapper et me contente de répliquer.

Mon dieu que je n’aime pas ses filles trop maquillées et vêtue comme des prostituées. Je n’ai rien contre ses dernières sauf que dans le cas présent elles n’en sont pas, ce sont juste des étudiantes trop sûre d’elles qui ont décidé de mettre le grappin sur Entari … Quitte à me ridiculiser au passage. La file d’attente prend alors fin et nous nous retrouvons devant les wagons chacun munis de deux places. Je prends place dans l’un d’eux et espère que le jeune homme se mettra à mes côtés, je remarque que la donzelle de la file d’attente lui fait signe elle aussi assise seule. J’ai vraiment, mais vraiment envie de rabaisser cette prétentieuse, mais en même temps m’attirer des ennuis ne fait pas partis de mon programme. Je décide donc de me tenir tranquille attendant de voir quel choix fera Entari.

Je ne m’attendais pas à ce qu’Entari remette si vertement la fille à sa place. Cela me laissa sans voix de stupeur. Je fus encore plus étonnée de constater qu’il était vraiment rapide à se calmer alors que moi-même je bouillais encore de rage intérieurement. Le jeune homme prit alors place à mes côtés ce qui m’arracha un sourire joyeux. J’avais vraiment craint qu’il ne préfère la compagnie de ses pimbèches à la mienne. Tient d’ailleurs … Me redressant dans mon siège je me dévisse le cou, pour voir les autres wagons et je constate avec surpris qu’il ne reste plus que la jeune femme blonde, ou sont passé ses groupies ? Je n’ai pas le temps de m’intéresser à la question plus que nécessaire, Entari à mes côté me murmure de prendre mon sac à la fin du manège et l’animateur arrive déjà pour abaisser nos sécurité. Je réponds donc au jeune homme d’un simple hochement de tête affirmatif. Je ne voie pas bien pourquoi il veut que je reprenne mon sac puisque ça fait un moment qu’il me le prend à chaque fois, mais puisque c’est le mien ça ne me dérange pas de m’en charger.

Enfin le déclic tant attendu, notre wagon s’ébranla d’abord doucement puis avant que l’on ne puisse dire « ouf » on se retrouva collé dans le fond de nos sièges. La montée fut rapide et ne fut pas rythmé par le « tac-tac-tac » stressant des rails. Puis la première descente, 90°. Avez-vous déjà prit un manège avec une telle descente ? Et bien imaginé les wagons disparaissant un à un devant vous puis soudain c’est votre tour, les rails s’effaces et vous plongez dans le vide avec l’impression de tomber réellement. C’est comme plonger d’une falaise, c’est de l’adrénaline à l’état pure. A une vitesse vertigineuse on enchaine un double looping, une vrille, une nouvelle chute la tête en bas puis un looping en vrille. Bras levé au ciel je ris aux éclats, c’est ça la liberté, être tenaillé par la peur et se sentir en vie. Le visage fouetté par le vent je ferme les yeux dans la dernière descente et j’ai alors l’impression de voler pour de vrais. L’arrêt est brutal, ma tête par en avant, avant de revenir taper mon siège.

Je déteste ce genre d’arrêt qui vous bousille les cervicales et brise la magie du manège. Instinctivement mon regard se tourne vers Entari, lui aussi semble c’être amusé. Lorsqu’on descend il me tend mon sac et cache sa sacoche sous sa veste. Je le regarde faire avec curiosité. Puis je remarque les autres filles et je comprends. Elles nous attendent … Non, elles m’attendent et Entari l’a compris. Lorsqu’on arrive à leur niveau je n’ai pas le temps de protester que le jeune homme me fait bouclier alors que les pestes déversent des bouteilles d’eau sur nous. Je ne reçus de l’eau que sur les cheveux et encore très peu. Entari lui finit trempé. Il leva alors un regard glacial vers les filles et elles blêmir en comprennent leur erreur. La blonde de la file d’attente accourue pour dire à ses amies que c’était moi et non le garçon qu’elles auraient dû arroser, en suivit une dispute. Avant que je ne décide de m’en mêler pour fermer leur caquet à ses pestes Entari m’entraina dans la foule. Je me laisse faire sans protester, mais c’est dommage, j’aurais voulus en découdre avec ses garces.

Entari nous trouva un endroit calme et se défis de sa veste pour l’essorer, à mon grand étonnement (et plaisir) la chemise suivit dévoilant à mon regard le buste nue du jeune homme. Sans un mot je l’observe vérifier son téléphone. Il semble alors observer quelque chose, tournant mon regard je remarque alors une fausse plage ou des gens dance autour d’un feu. Des professionnelles surement. Mmh non ce n’est pas de la dance à proprement parler, enfin si, mais d’un style particulier, de la capoeira. Mouais mais la musique est plutôt de style électronique ce qui ne colle pas trop. Ça reste beau à voir toutefois et ça me donne envie de danser. En Amérique je prenais des cours de danse et la musique si prête parfaitement. Je commence à battre la mesure du pied, à mes côtés Entari accroche sa veste à une rambarde pour que la chaleur du feu la sèche il me fait alors un clin d’œil suivit d’un sourire gêné.

Ses excuse me laisse un peu perplexe, après tout ce n’est pas sa faute si on est tombé sur des pestes. Je m’apprête à le lui faire remarquer quand deux choses simultanées m’en empêchent. La première est le frisson du garçon, la seconde est la musique ce stoppant et une femme faisant une annonce.

Un immense sourire fend mon visage, retirent ma veste et mon sac de mon dos je les tends à Entari.

D’un bon je passe la barrière et me retrouve sur le sable. Je me retourne alors vers Entari et lui sourit avec amusement.

Tête haute je m’avance alors vers le centre mon entré est salué par des applaudissements, surement parce que je suis la seule personne à avoir le courage de danser devant autant de monde. Je rejoins l’animatrice qui me demande qu’elle musique je veux. Je lui murmure à l’oreille et elle transmet ma demande au DJ. Je rassemble mes long cheveux en un chignon fait à la va vite pour qu’il ne me dérange pas. Je me tiens droite le regard fixé sur Entari qui se trouve face à moi, de l’autre côté de la barrière. Je me félicite intérieurement d’avoir opté pour un treillis plutôt large et un dos nus moulant ainsi mes vêtements n’entraveront pas mes mouvements. La [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] débute enfin, ce n’est pas le genre de musique que j’écoute habituellement, mais elle se prête parfaitement à la dance … Et c’est partie pour la dance. Un petit mélange à ma sauce de street dance et de dance classique.

Je décide d’enchainer les figure les plus spectaculaire tout en restant sur le rythme de la musique histoire que les gens ne m’ai pas applaudit pour rien à mon arrivé au centre. Sur le sable ce n’est pas très pratique, mais au moins ça amortis bien. Lorsque la musique prend fin une salve d’applaudissement éclate, je m’incline avant de retourner vers Entari. Dénouent mon chignon je me fais une queue de cheval abandonnant l’idée des couettes. Je repasse prestement au-dessus de la barrière, mais au lieu de descendre à terre je reste assise dessus face au jeune homme et lui sourit.

D’un mouvement preste je chasse une mèche tombant devant mes yeux, j’ai chaud, dansé près d’un feu quelque chose d’aussi physique donne vraiment, mais vraiment chaud. Ou alors c’est lui, je dois avouer que je ne peux m’empêcher de le détailler du regard. Finalement me penchant en avant je l’embrasse. Un simple baisé, vraiment rapide, mais suffisant pour me faire devenir encore plus rouge.

Glissant de la barrière je jette mon sac sur mes épaules et noue ma veste à ma taille avant de m’éloigner sans plus un mot, j’ai honte de mon comportement. Ok il est super mignon et vraiment gentil, mais on ne se connait pas, il doit me prendre pour une demeurée maintenant.

Avançant d’un pas pressé à travers la foule je tente de chasser mon trouble. Pourquoi est que j’ai agis comme ça, je ne le connais même pas et puis je me suis promis de ne pas nouer de lien dans ce pays. Fuyant sans regarder devant moi je bouscule plusieurs personnes, mais ne prend pas le temps de m’excuser, fuir, le plus loin possible, c’est tout ce qui compte. Fuir quoi d’abord ? Entari ? Mes sentiments ? Les deux en fait, je ne veux plus souffrir, je ne veux pas avoir à mentir à d’autres personnes. S’il pose des questions, s’il veut me connaitre alors je ne pourrais que mentir. Je ne veux pas d’une relation basé sur des mensonges … Arrivé sur une petite place prêt d’une fontaine je me stop. Un instant je marche autour de la fontaine et laisse mes doigts glisser sur la surface de l’eau.

Pensivement j’observe l’eau claire de la fontaine, l’endroit est joli. Il faut que je fasse le point … Non c’est déjà fait en fait … Je suis amoureuse et c’est tout. Vous connaissez l’expression avoir un coup de foudre ? Et bien c’est ce qui m’est arrivé. Au premier regard que j’ai posé sur le garçon j’ai senti mon cœur se serrer dans ma poitrine. C’est idiot, j’aurais dû refuser de passer la soirée avec lui, j’aurais dû partir dès que j’ai compris, ne pas me présenter. Ça aurait été tellement plus simple si je ne lui avais pas demandé son nom et si j’étais partie à temps. Des mains m’agrippent alors par les épaules m’obligeant à me retourner. Mon regard rencontre celui du jeune homme j’ouvre la bouche, mais aucun mots ne veut franchir mes lèvres, alors je me contente de le regarder, muette.

Il se penche alors et je sens son souffle dans mon cou lorsqu’il me murmure à l’oreille. Je reste stupéfaite des mots qu’il prononce, chaque paroles se frayes un chemin jusqu’à mon cœur et brise un peu plus la barrière dont je tente de l’entourer. J’aimerais lui répondre que je suis partis parce que je ne veux pas de son amour, que non je ne crois pas au coup de foudre et que oui s’il ne me lâche pas je vais le frapper … Mensonge, pure mensonge, je suis une bonne menteuse, j’excelle même dans cet art, sauf … Sauf quand il faut que je me mente à moi-même. Je sais tromper les autres, mais me tromper personnellement est infaisable. Alors je ne dis rien, il n’y a rien à dire de toute façon. Je reste à l’écouter et lorsqu’il pose son front contre le mien je cherche son regard, je noie mes yeux sanguin dans les siens céruléen. Qui a dit que le feu et la glace ne peuvent pas s’entendre ?

Alors que lui rougit en me répétant qu’il m’aime, moi je blêmis. Je ne peux pas le repousser, mais est ce que je peux l’aimer ? Et si un jour je viens à lui avouer mon secret qui me dit qu’il ne me trahira pas au nom de la justice ? Ses lèvres viennent alors trouver les miennes. Et puis zut, il sera toujours temps de chercher des solutions plus tard. Au-dessus de nous un feu d’artifice éclate, mes paupières se ferment et je savoure ce baisé avec délice. Blottis contre son torse. Il souffrira surement, je souffrirais encore plus, notre relation nous fera plus de mal que de bien et je jouerais surement le rôle de la méchante. Pourtant sur le moment je n’ai ni la force ni le courage de dire non. Lorsqu’il me regarde son sourire me fait fondre. Il ment et contrairement à moi lui arrive à ce mentir à lui-même sans même le réaliser. Oui il m’aime, mais non il ne comprendrait pas que je le repousse.

Alors quoi ? C’est à moi de faire un choix ? Affronter une peine immense, mais surement surmontable tout de suite ou nous lier et affronter un chagrin insurmontable plus tard. Je ne veux ni l’une ni l’autre de ses solutions. Mains posé sur le torse du garçon je regarde au loin, je ne peux pas le regarder. Dans le ciel le bouquet final du feu d’artifice éclate. Une larme roule sur ma joue et je me mords la lèvre. Finalement je recule de deux pas gardant une main sur le torse d’Entari pour l’empêcher d’approcher. Je secoue alors la tête avec négation, lorsque je parle ma voie se brise.

Je retire ma main de son torse et sers le poing, je ne veux pas finir cette soirée ainsi, mais finalement c’est logique. Il ne peut en être autrement. Même si personne ne le sait je suis une hors la loi, j’ai mentis pour protéger mon père, mentis devant un tribunal entier … La peine pour cela est la prison, je serais inculpée pour complicité de meurtre si ça s’apprend.

Je fais alors un pâle sourire au garçon et prend son portable dans sa poche, j’y tape mon propre numéro et l’enregistre avant de remettre le téléphone entre les mains d’Entari.

Je lui tourne alors le dos et part vers la sortie du parc. Je n’aurais pas dû faire ça, j’aurais dû lui dire de ne plus penser à moi. Mais je ne peux pas, je ne veux pas qu’il m’oublie, la solitude c’est pesant, si je ne peux entreprendre une relation amoureuse avec lui je ne peux pas non plus faire comme s’il n’y avait rien. Bras croisé sur ma poitrine je presse le pas, des larmes roules sur mes joues. Je sais que si je tourne la tête je pourrais le voir, mais si je le fait alors je n’aurais plus le courage de partir. Je dois avancer, aller de l’avant coûte que coûte et dans quelques années … Quand l’affaire de la mort mystérieuse de ma mère aura été oublié de tous alors je pourrais recommencer à vivre.

J’espère qu’il va comprendre, qu’il va comprendre que cet accord vaut pour le fait qu’il me raccompagne, mais aussi pour notre relation.

J’accepte, un simple mot qui veut dire beaucoup, Entari sembla rester perplexe, visiblement pas très sûre du sens qu’il devait donner à mes paroles. Je n’en dis toutefois pas plus. Il interpréterait comme bon lui semble et j’aviserais. Sa main s’avança venant à la rencontre de ma chevelure, son autre bras vint alors entourer ma taille. Un sourire se mit à flotter sur mes lèvres, il avait compris. Sans broncher je me laissais attirer et répondit à son baisé avec envie. Leurs langues se cherchèrent, se trouvèrent et se mirent à danser ensemble. Le baisé dura et s’éternisa, pourtant ses cinq minutes ne semblèrent qu’une. Finalement le bras du jeune homme autour de ma taille je le laisse me guider jusqu’à sa voiture. J’avais un peu de mal à me faire à l’idée que j’avais cédé.

Arrivé à la voiture il m’ouvrit la portière en parfait gentleman. Un sourire enjôleur éclaira mon visage et je pris place. Lorsqu’il me le demanda je pris le temps de lui indiquer mon adresse pour qu’il la rentre dans son GPS. Le moteur ronfla au démarrage et nous primes la route. Je me mis à observer par la fenêtre jusqu’à ce qu’il prenne la parole. Je lui lance un regard à la dérobé, il semble si sûre de lui si franc. Pourtant j’ai du mal à le croire, il faudra surement du temps pour que j’apprenne à lui faire confiance. Je me borne pendant le reste du trajet à regarder par la fenêtre défiler les lumières de la ville. J’aimerais lui dire que je le crois, que je suis prête à lui faire confiance, mais ce serait mentir. J’ai besoin de temps …

Enfin on arriva au parking brodant ma rue, même à cette heure de la nuit l’endroit grouillait encore d’activité. Je pouvais voir les lampions éclairer l’allée piétonne ou se trouve ma maison. J’aime beaucoup l’animation constante des lieux. Je m’apprête à proposer au jeune homme de m’accompagner jusqu’à la maison ou de venir grignoter quelque chose. Mais il prend la parole le premier et me prend au dépourvu. Je reste un instant silencieux lorsqu’il me pose la question. Finalement je détache ma ceinture, lui fait un sourire et sort. Je m’appuis au rebord de la fenêtre et lui sourit.

Je décide d’oublier volontairement sa question, j’ai l’impression que si je lui répondais à présent ce ne serais pas sincère. J’attends qu’il sorte de la voiture et le prend par la main l’entrainant à mes côté dans la ruelle. Je lui montre les vendeurs de breloque, les lampions multicolores décorant les maisons. Je reste un instant en extase devant un spectacle de marionnette, finalement j’achète deux boites de ramen aux œufs à la vendeuse voisine de ma maison et les dégustes avec lui en parlant de tout et de rien. De son métier, de mes cours … On rit ensemble assis sur mon perron à manger nos nouilles sans que je lui dise qu’on est devant chez moi. Finalement le tout terminé je me relève et ouvre la porte. Je l’attire alors dans mes bras et l’embrasse avant de me glisser à l’intérieur en souriant.

Je referme la porte et reste un instant dos contre celle-ci. Un immense sourire sur le visage. Je jette mes clefs dans le vide poche et monte dans ma chambre, j’envoie voler mon sac en y ayant au préalable récupéré la peluche et me laisse tomber sur mon lit le chiot dans mes bras.