Voilà une semaine que j’ai quittée l’Amérique pour le Japon, moi qui rêvai de dépaysement je suis servie. Mon père a repris le travail dès le lendemain de notre arrivée, je me suis donc occupée seule de déballer nos cartons et d’aménager notre nouvelle maison. Je suis contente qu’on habite plus un appartement, une maison de plein pied avec jardin c’est quand même plus chouette. Ainsi je n’aurais plus besoin de bronzer sur le balcon je pourrais faire la crêpe sur une chaise longue ou allongée à même le gazon. Le petit plus c’est la cave, mon père y a fait agencer une pièce insonorisé ou j’ai pu installer ma guitare électrique et mon emplis, je pourrais enfin en jouer sans déranger personne. Bon il n’y a pas que des plus à notre déménagement, par exemple je n’avais pas imaginée que le travail de mon père serrait aussi prenant, je ne le vois plus que le dimanche et quelque fois en soirée lorsque je tarde à aller me coucher. Autant dire que la maison me parait affreusement vide aussi je la déserte dès que possible, aujourd’hui par exemple je suis partie dès mon petit déjeuné avalé et ma douche prise.

Sac noir en bandoulière, vêtue d’un leggins noir, d’un t-shirt trop grand rouge ornée d'étoile noir me tombant sous les fesses et dénudant mes épaules, mes cheveux rassemblés en une queue de cheval et mes pieds chaussés de baskets montantes rouge et noir j’avance à grand pas dans la rue. Mon casque sur les oreilles je vérifie pour la énième fois le contenue de mon sac, il serrait bête de devoir faire demis tour pour un oubli. Non tout y est, mon cahier, ma trousse, mon agenda, mon portefeuille et le livre que j’ai entamé hier. Bien pas de quoi se tourmenter, sortant mon mp3 de ma poche j’augmente le son et me met à chantonner en pleine rue. Certaines personnes se retournent sur mon passage, mais j’ignore superbement leur regard curieux. Mes pas me mènent droit à la bibliothèque de la ville, unique lieu que je connais avec l’Université, pour le moment. J’atteins bien plus rapidement que je ne l’aurais voulu le bâtiment, la porte grince sur ses gond lorsque je l’ouvre. Un courant d’air frais en provenance de l’intérieur vient caresser mon visage, ça sent le vieux papier ici, j’aime bien. Faisant glisser mon casque autour de mon cou je coupe ma musique et entre, le bruit de mes pas résonne dans le silence des lieux, je m’accoude au comptoir attendant que quelqu’un remarque ma présence.

Une jeune femme arrive en trottinant en me salut un immense sourire plaqué sur son visage. Je lui rends son sourire et sort le livre de mon sac avant de le lui tendre lui annonçant que je viens le rendre.

Un sourire amusé étire mes lèvres, oui je lis vite, mais quand on n’a rien de mieux à faire ça va encore plus vite de finir un livre et puis ce n’est pas comme si l’ouvrage faisait deux milles pages non plus. Me détournant du comptoir je vais errer entre les rayonnages, j’aime bien se lieu silencieux sentant la poussière et le vieux. Je laisse mes doigts glisser sur le dos des livres alignés par centaine. Je ne cherche pas un nouveau livre à lire, pas encore, il est certain que je ne repartirais pas à vide, mais pour le moment je dois travailler. J’ai un exposé à faire pour l’Université. Et oui, la petite nouvelle n’est pas exempte de devoir. Repérant une table à l’écart dans un petit coin sombre je décide de mit installer. Posant mon sac j’allume la petite lampe ornant la table, je sors mon agenda, vérifie le sujet et part à la recherche de livre pouvant m’aider abandonnant mes affaires sur la table. Un exposé sur Einstein, ça ne me botte pas vraiment, mais je n’ai pas le choix. Je finis par trouver un livre parlant du savant et retourne vers la table. Je voie alors un homme de dos fouillant dans mon sac.

Surpris il se retourne d’un bond, en me voyant il saisit la lanière de mon sac et décampe. Horrifiée je lâche le livre qui s’écrase au sol dans un bruit matte et m’élance derrière le voleur.

Avez-vous déjà essayé de courir sur un parquet vitré en étant munis de chaussure à semelle lisse ? Non et bien quand vous en aurez l’occasion essayez, ça revient presque au même que d’essayer de courir sur une patinoire. Et me voilà lancé à la poursuite d’un voleur, je dérape en tournant entre deux allés et manque de peux m’étaler à terre me rattrapant de justesse à une étagère, lorsque je relève la tête en étant certaine de voir mon voleur disparaitre par la grande porte une exclamation de surprise m’échappe. Sortis de nulle part un homme apparut devant le voleur et … Et bien je ne sais pas ce qui se passa, le fait est que mon voleur se retrouva à terre délester de mon sac. M’approchant et sortant d’entre les rayonnages j’observe avec stupéfaction l’homme qui vient vers moi et me rend mon sac.

Sans vraiment réaliser qu’il vient de s’adresser à moi et de me rendre mes affaires je me penche pour voir par-dessus son épaule le voleur se relever en grimaçant. Lui non plus ne semble pas avoir vraiment compris ce qui lui est arrivé. Sérieusement la scène était digne d’un de ses films d’actions bien Américain. Voir quelqu’un réalisé ce genre d’action en live est vraiment bluffant. Reprenant pied dans la réalité je fais un immense sourire à mon « sauveur ».

A cet instant la bibliothécaire apparait et nous lance un regard de reproche en posant son index sur sa bouche. L’inéludable « chut » s’échappe alors de ses lèvres, Dieu que je n’aime pas les gens faisant cela, ce rendent-ils au moins compte que cet horrible bruit est encore plus bruyant qu’un bavardage ? Lorsqu’elle repart entre les rayonnages après un dernier regard de reproches un léger rire m’échappe. Je reporte de nouveau mon attention sur l’homme et remarque le livre dans sa main et penche la tête pour en capter le titre. Une moue dubitative se dessina sur mon visage ce n’était pas le genre d’ouvrage que j’affectionnais enfin chacun ses goûts. Finalement retrouvant le sourire je lui tendis la main, il venait après tout de sauver mes affaires d’un petit voleur à la tire.

Me présenter n’était peut-être pas la chose la plus utile à faire mais bon. N’est-ce pas la moindre des politesses après tout ? Replaçant mon sac sur mon épaule je vérifie vite fait que tout y est, mon cahier, ma trousse, mon agenda, mes clefs et mon portefeuille heureusement rien ne manque et le plus important était sur moi, je ne me sépare jamais de mon téléphone et de mon MP3 dont le casque orne mon cou comme un collier. Soulager que le voleur n’ai rien pus me prendre j’attends en souriant une réponse de la part de l’homme.

N’étant pas très portée sur les romans policiers il n’y avait rien d’étrange à ce que le titre du livre porté par le jeune homme ne m’inspire pas grand intérêt. Sherlock Holmes, le détective britannique le plus connus … Et bien malgré sa notoriété les récits de ses aventures ne m’attirait pas. De premier abord parce que le flegme britannique me blasait d’autre part parce que manquant de patiente je n’avais pas le courage d’attendre la fin pour découvrir le nom du meurtrier, quitte à tuer toute l’intrigue en allant lire la dernière page du roman. Finalement tendant la main vers mon sauveur je pris la peine de me présenter, avec douceur il me rendit ma poigné de main en souriant.

Le sourire du jeune homme était sincère, habituellement les gens sautaient sur l’occasion, à ce genre de propositions, pour se faire payer un verre ou je ne sais quoi du genre. Je fus heureuse que ce ne soit pas le cas. Pas que cela m’aurait dérangée d’offrir un verre au dénommé Lukas, juste que ce genre de rencard improvisé, même uniquement amical, avait le don de me mettre mal alaise. Surtout avec un inconnu … Un léger rire m’échappa lorsque Lukas se retourna pour saisir mon voleur par le col et le menotter à une table. Ainsi aucuns risques qu’il nous fausse compagnie ainsi coincé. Du coin de l’œil je l’avait vue ramper pour tenter de s’éclipser en toute discrétion, tel est pris qui croyait prendre, accroché à la patte de la table il n’avait plus aucunes chances de se faire la belle.

Sans attendre je sortis mon portable de ma poche pour appeler la police. Téléphone en main je regarde l’écran sans composer de numéro et sans le rouge me monter aux joues. Soudain mal alaise j’entortille nerveusement une mèche de cheveux autour de mon doigt en regardant Lukas avec embarras.

Le voleur accroché à sa table ricana en m’entendant, vexé je ne pus me retenir de lui marcher sur la main pour le faire taire, son ricanement se mua en un couinement de douleur et il retira vivement sa main de sous mon pied.

Rivant mes yeux à la lueur rouge sang sur le voleur je lui lance un regard mauvais. L’autre se renfrogne et se décide à se taire. Ce n’est pas trop tôt, j’ai horreur qu’on se moque de moi. D’un bon je me juche sur la table à laquelle le voleur et attaché et croise les jambes, mains posés sur mes genoux je me penche en avant.